Qui n’a jamais frissonné avec un roman de Stephen King entre les mains un soir d’hiver ? Depuis de nombreuses années, les histoires d’horreur envoûtent et fascinent les lecteurs. L’horreur est un genre littéraire à part entière qui réunit parfois de véritables fans. Récemment, on m’a demandé pourquoi j’aimais lire des histoires de ce genre, qui semblent parfois faire peur et peuvent rebuter. S’il peut paraître simple de répondre à une question sur ses goûts, ce n’est pas pour autant toujours évident. On pourrait facilement répondre qu’on aime lire des histoires d’horreur pour se faire peur. Et cela est sans doute l’élément de réponse le plus évident. Pour autant, je suis convaincue qu’il y a plus que cela. Pourquoi y a-t-il des fans de romans d’horreur ? Pourquoi aimons-nous réellement lire des livres d’horreur ?
Ressentir la peur
Lorsqu’on m’a posé cette question, la première réponse que j’ai réussi à formuler était celle-ci : j’aime lire de l’horreur pour ressentir la peur. La littérature horrifique a sans aucun doute un rôle cathartique, on vit la peur pour procuration et cela nous donne une certaine sensation, on y prend plaisir. Frissonner face à des mots sur le papier est une vraie expérience et il est fascinant de se dire que des auteurs sont capables de tant avec de simples phrases.
Une erreur qui est assez fréquente lorsque nous ne sommes pas familiers avec ce genre est celle de penser que tous les romans d’horreur sont effrayants. Évidemment, c’est faux. La peur prend différentes formes et l’on peut distinguer différents registres ou thématiques dans l’horreur. Tout d’abord, on peut distinguer l’horreur visuelle de l’horreur psychologique. Bien qu’elles puissent être mêlées (il n’existe aucune règle en écriture), la première se concentre sur du concret, la douleur physique par exemple, quand la seconde se joue de l’esprit tourmenté des personnages. Pour l’horreur visuelle, on peut citer La Maison des Damnés de Richard Matheson. Si je n’ai pas apprécié ce roman, c’est un parfait exemple de cette catégorie ! À l’inverse, The Haunting of Hill House (La maison hantée en VF) de Shirley Jackson illustre à merveille les mécanismes de l’horreur psychologique. Ces deux romans débutent de la même façon : une maison réputée hantée va être visitée par un groupe d’individus qui souhaitent prouver l’existence d’une force obscure. Pour autant, les deux histoires s’orientent vers une horreur différente qui les différencie facilement l’une de l’autre.
Dans l’horreur, on peut aussi retrouver différents sous-genres, le gothique ou le fantastique par exemple. Le gothique met l’accent sur l’atmosphère et des personnages hantés par leur passé et leurs sentiments. Le fantastique lui, se joue des créatures surnaturelles qui le composent comme dans Entretien avec un vampire d’Anne Rice, que je ne peux que recommander. L’horreur est donc une thématique vaste et protéiforme en littérature. Toutes les histoires d’horreur ont leur particularité et la peur peut ressortir d’une façon différente d’un livre à un autre. Pour autant, c’est bien ce sentiment de peur qui joue sans doute un grand rôle et pousse les lecteurs à continuer leur lecture.
L’horreur comme mal nécessaire
Si je ne vous apprends rien en affirmant que l’on peut aimer lire des livres d’horreur pour ressentir des émotions comme la peur, ces œuvres sont aussi une façon de mettre en lumière les dysfonctionnements de la société.
L’horreur peut transparaître dans des livres complètement différents, parfois de façon violente, parfois aussi de façon plus discrète comme une ombre qui vous suit au fil des pages. Elle s’adapte, se modifie sous la plume des auteurs et ce n’est jamais quelque chose de fixe. De même, chaque lecteur peut se surprendre à être plus facilement touché par une forme d’horreur que par une autre : violente et sanguinolente ou psychologique par exemple. Pour ma part, les histoires d’horreur psychologique sont celles qui m’interpellent le plus. Je trouve la psychologie fascinante et ses dérives, parfois terrifiantes.
L’horreur sert de contraste avec les situations de la vie quotidienne. Dans les romans et nouvelles, il s’agit d’une façon de souligner ces événements qui paraissent naturels tout en faisant comprendre que rien n’est linéaire, sans tâche ni pliure. Tout a un contraste, une face cachée et l’horreur, si elle prend parfois une forme exceptionnelle, peut aussi se retrouver dans des scènes de vie terriblement banales. L’horreur prend souvent racine dans nos pires craintes et lire des histoires horrifiques, c’est aussi parfois se confronter à celles-ci.
Découvrir l’humain et sa psychologie
Le troisième grand aspect de la littérature horrifique est de réussir à explorer l’humain et sa psychologie. L’horreur rend curieux car c’est une émotion primaire qui peut étonnamment être parfois difficile à appréhender. Pour preuve, en tant que lecteur, nous savons que nous sommes à l’abri du moindre mal. Pour autant, certaines lectures peuvent déclencher une certaine adrénaline et pousser à avoir peur tout en continuant à lire. Comprendre les mécanismes de la peur pour mieux la vivre est un axe passionnant des livres d’horreur.
Ainsi, l’horreur permet d’en apprendre davantage sur nos peurs, sur ce qui nous fait frissonner ou non, cela permet de faire face à nos propres angoisses ou à les mettre en situation en comprenant leur fonctionnement. C’est une façon de comprendre l’humain, ses déviances, les origines de ses peurs, mais aussi d’explorer l’inconnu. Avec Shining, Stephen King met l’accent sur les déviances de l’alcoolisme et les conséquences d’un isolement prolongé. Dans Je sens grandir ma peur de Iain Reid, l’horreur est elle aussi mentale et il s’agit ici d’un combat de l’homme contre lui-même. L’horreur prenant différentes formes, chaque livre apporte quelque chose de singulier autour d’un même thème, celui de l’angoisse, et c’est ce qui est fascinant.
En bref, l’horreur comme vecteur de réflexions sur soi
En bref, la littérature horrifique a beaucoup à apporter. Si on aime lire pour frissonner et avoir peur, l’intérêt pour ce genre va encore plus loin. Les romans et nouvelles d’horreur permettent d’explorer l’humain, sa psychologie et ses failles. C’est une façon d’approcher des mécanismes de défense parfois flous et de mieux comprendre leur fonctionnement. Au-delà du rôle cathartique de ce genre littéraire, il s’agit d’un vrai prisme à travers lequel explorer notre société. Si vous n’avez encore jamais lu de livres d’horreur, pourquoi ne pas vous lancer ?
Aimez-vous les livres d’horreur ? Si oui, pourquoi êtes-vous attiré par ce genre ?
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2 Comments
hauntya
02/03/2022 at 13:21Merci pour ton très bel article sur ce sujet ! Il est vrai qu’on se pose toujours la question : pourquoi lire de l’horreur, regarder des films d’horreur, jouer à des jeux du même style… au fond, pourquoi ? Et faisant les trois, je te rejoins pour toutes les raisons que tu évoques ! Ressentir la peur est une forme de catharsis : c’est aussi, quelque part, une peur qu’on contrôle, quand on a parfois des peurs qu’on ne peut pas dominer, dues à des situations stressantes dans la vie réelle, comme pour équilibrer. Et – Stephen King en est sans doute le meilleur exemple en littérature – l’horreur permet aussi de démontrer toutes les racines du mal en l’homme, que ce soit pour des raisons fantastiques ou réalistes. C’est comprendre la psychologie de l’homme, et comme toi je crois que c’est ce qui me passionne le plus : j’adore tous ces jeux d’horreur psychologiques qui font se plonger dans la psyché d’un personnage, comprendre des traumatismes de sa vie ou d’une Histoire plus globale…comme une façon de toujours chercher à mieux se comprendre soi-même.
Parlons fiction
02/03/2022 at 21:34Merci à toi d’avoir pris le temps de laisser un si joli commentaire ! L’aspect psychologique de l’horreur est vraiment fascinant, cela permet d’explorer la psychologie humaine sous de nouveaux angles et on en apprend toujours un peu plus 😊