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The Haunting of Hill House de Shirley Jackson : bien plus qu’une histoire de maison hantée

Avis lecture La Maison Hantée de Shirley Jackson

Shirley Jackson est une autrice américaine du XXe siècle à l’origine d’histoires mélangeant horreur, gothique et fantastique. L’année dernière, je me suis plongée dans son roman We haved always lived in the castle (Nous avons toujours vécu au château en version française) que j’avais beaucoup aimé. Les personnages de cette histoire m’avaient surprise. J’ai décidé de continuer de découvrir les écrits de l’autrice avec son roman sans doute le plus connu : The Haunting of Hill House. Ce livre, publié pour la première fois en 1959, est réputé pour être un pilier de la littérature gothique et une des meilleures histoires de maison hantée du siècle dernier. Sur la couverture, on retrouve une citation de Stephen King et une autre de Neil Gaiman, deux auteurs que j’apprécie particulièrement. Je savais qu’il fallait que je découvre cette histoire, que je me plonge dans ce livre et que je parte une nouvelle fois à la rencontre de l’univers de Shirley Jackson. Une chose est sûre, je ne regrette pas d’avoir fait le voyage. Si The Haunting of Hill House n’est pas une histoire de maison hantée classique, elle mérite d’être découverte.

Avant-propos : en France, The Haunting of Hill House a été publié sous le titre Maison hantée en 1979. Par la suite, il a été publié sous le titre Hantise en 1999. En 2016, il a été réédité dans une nouvelle traduction sous le titre La Maison hantée. Aujourd’hui, vous pouvez le retrouver aux Editions Rivage (collection Rivage Noir).


Résumé (VO)

Alone in the world, Eleanor is delighted to take up Dr Montague’s invitation to spend a summer in the mysterious Hill House. Joining them are Theodora, an artistic ‘sensitive’, and Luke, heir to the house. But what begins as a light-hearted experiment is swiftly proven to be a trip into their darkest nightmares, and an investigation that one of their number may not survive.

Résumé (VF)

Construite par un riche industriel du XIXe siècle, Hill House est à l’image de son créateur : labyrinthique, monstrueuse, ténébreuse à souhait. De plus, on la dit hantée. Fasciné par les phénomènes paranormaux, le docteur Montagu invite des sujets réceptifs au surnaturel à passer l’été à Hill House afin de mener une enquête. Une enquête qui va tourner au cauchemar…


Un huis-clos psychologique réussi

Dans The Hauting of Hill House le lecteur part à la rencontre des différents personnages : Eleanor, Theodora et Luke. Tous les trois sont invités par le Dr Montague, spécialiste du surnaturel, à passer quelques jours en sa compagnie à Hill House. Cette maison est réputée hantée et il souhaite l’inspecter. Ces quatre personnages vont donc séjourner ensemble à Hill House, le temps de quelques pages.

I think we are only afraid of ourselves 

Shirley Jackson est une grande narratrice. Avec son roman The Haunting of Hill House j’ai été absorbée par l’histoire et fascinée par l’ambiance qu’elle a réussi à créer en à peine 250 pages. Il s’agit d’un huis-clos psychologique. Avant d’être un roman d’horreur, ce livre est un roman d’ambiance. L’atmosphère est plus que pesante et travaillée dans les moindres détails. Les descriptions de Hill House font froid dans le dos avant même que l’intrigue ne débute réellement. Shirley Jackson ne dit pas, elle montre. Le lecteur est le dernier invité du Docteur Montague et découvre en même temps que les autres la splendeur et la monstruosité de cette majestueuse maison aux fondations douteuses. J’ai tout simplement été embarquée par cette atmosphère gothique, par les descriptions précises de l’autrice qui rendait tout le récit très vivant… y compris Hill House.

Un roman qui s’immisce dans l’esprit du lecteur

Pendant toute la lecture du roman, j’avais comme le sentiment que quelque chose n’allait pas, que quelque chose n’était pas à sa place. J’ai d’ailleurs eu la même sensation lors de ma lecture du roman We have always lived in the castle (Nous avons toujours vécu au château) de la même autrice. C’était une impression dérangeante qui ne m’a pas quitté du début à la fin et je pense que c’était voulu. Clairement, c’était réussi ! Durant ma lecture, je me suis sentie prise au piège entre les murs de Hill House, ces murs qui semblaient respirer sous la plume de Shirley Jackson.

I think we are all incredibly silly to stay. I think that an atmosphere like this one can find out the flaws and faults and weaknesses in all of us, and break us apart in a matter of days. We have only one defense, and that is running away. 

S’il s’agit bien d’une histoire qui se déroule dans une maison hantée, dans The Haunting of Hill House on est loin du roman d’épouvante. Il s’agit d’un roman d’horreur très psychologique qui joue sur les subtilités et les non-dits. Je ne m’étais pas renseignée avant de tourner la première page du livre et si j’ai été surprise, j’ai surtout été ravie. J’ai adoré découvrir la façon dont l’autrice, tout en subtilité, jouait avec son intrigue, ses personnages et surtout, la perception du lecteur lui-même.

Shirley Jackson présente des personnages singuliers

Si le roman s’éloigne d’une histoire de maison hantée classique, c’est parce qu’il est construit autour des personnages qui vont séjourner dans la maison et non autour de la maison hantée en elle-même. Chaque personnage est très bien décrit dès les premières pages du roman et cela donne l’impression que l’on va rapidement cerner la personnalité de chacun, comprendre leur façon de penser et d’agir. Bien évidemment, l’autrice joue une nouvelle fois avec le lecteur. Les dialogues sont dissonants, les paroles des personnages ne semblent parfois pas avoir de lien avec la situation dans laquelle ils se trouvent et c’est très déstabilisant. C’est un roman dans lequel on se pose beaucoup de questions auxquelles on ne trouve pas forcément toujours de réponses explicites.

« Nothing in this house moves », Eleanor said, « until you look away, and then you just catch something from the corner of your eye. »

Le personnage d’Eleanor, que l’on suit tout au long du roman, est aussi particulier que l’histoire en elle-même. Il mériterait un article dédié pour détailler toutes les subtilités et toutes les nuances qui l’accompagnent au cours de l’histoire. Eleanor est une femme d’une trentaine d’années qui n’a jamais vraiment eu la possibilité de vivre sa vie pour elle-même. Lorsque le Docteur Montague lui propose de séjourner quelque temps à ses côtés au sein de Hill House, pour vivre une expérience inédite, elle va tout de suite accepter : plus rien ne la retient. Elle n’a plus d’attache, plus d’attente, aucun engagement. Il ne lui reste plus qu’à vivre sa vie pour elle-même, comme elle l’a toujours rêvé. Hill House va marquer la première étape de son indépendance. Une occasion rêvée pour enfin découvrir des choses par elle-même et peut-être même faire des rencontres. Mais la rencontre à laquelle s’attendait peut-être le moins Eleanor, c’était de se retrouver nez à nez avec Hill House.

Hill House, plus qu’une maison hantée

Une des plus grandes particularités de ce livre réside dans Hill House. Avec toutes les descriptions et l’atmosphère qui entourent l’histoire, on finit par avoir l’impression que Hill House est vivante. La maison est un personnage à part entière, comme tous les autres. Et cela contribue grandement à l’originalité de l’œuvre. La maison prend vie dans les descriptions, dans les dialogues de ses invités, dans l’atmosphère même du roman. C’est très déstabilisant. Hill House est humanisée et on lui prête des sentiments au même titre que les différents convives. Plus les pages défilent et plus on peut sentir la maison s’animer.

No live organism can continue for long to exist sanely under conditions of absolute reality; even larks and katybirds are supposed, by some, to dream. Hill House, not sane, stood by itself against its hills, holding darkness within; it had stood so for eighty years and might stand for eighty more. Within, walls continued upright, bricks met neatly, floors were firm, and doors were sensibly shut; silence lay steadily against the wood and stone of Hill House, and whatever walked there, walked alone. 

En bref, une lecture qui m’a marqué

J’ai passé un très bon moment en lisant ce roman qui m’a bien fait réfléchir. S’il n’est pas très long, il n’en demande pourtant pas moins en réflexion. The Haunting of Hill House est finalement bien plus qu’une histoire de maison hantée. Shirley Jackson va au-delà de ça et a écrit ici une véritable œuvre gothique dans toute sa splendeur. Hill House est vivante et elle existe bel et bien dans ce roman : elle respire à travers tous les personnages de l’histoire. C’est un roman qui explore la psychologie humaine et il serait, je pense, inutile de se lancer dans cette lecture en attendant de trouver un sens à chaque élément. The Haunting of Hill House s’amuse à poser beaucoup de questions sans forcément toujours y répondre. Je pense qu’une seconde lecture pourrait sans doute me permettre de percevoir de nouvelles subtilités dans ce roman. En bref, je comprends à présent pourquoi ce livre est si souvent cité comme un des piliers de la littérature gothique. C’est un roman très particulier, mais c’est aussi un livre qui je pense, vaut la peine d’être découvert. L’histoire a été adaptée à deux reprises au cinéma, sous le titre The Haunting en 1963 par Robert Wise et une nouvelle fois sous le même titre en 1999 par Jane de Bont. Plus récemment, Netflix s’est inspiré du roman de Shirley Jackson pour créer sa série The Haunting of Hill House. Si le roman continue d’inspirer l’audiovisuel et le cinéma aujourd’hui, c’est sans doute car la particularité de son récit peut être interprétée de différentes façons. Une chose est sûre, The Haunting of Hill House de Shirley Jackson est un roman singulier qui fait réfléchir.

Pour résumer

 

Avez-vous déjà lu The Haunting of Hill House de Shirley Jackson ? Ou vu une de ses adaptations ?

Si le livre vous intéresse, vous pouvez le retrouver en version française ici et en version originale (anglais) .


Autrice : Shirley Jackson (américaine) – Genres : Horreur, Gothique – Date de publication originale : 1959 – Editions : Penguin Books – Nombre de pages : 246

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4 Comments

  • Reply
    Chromopixel
    01/02/2021 at 19:24

    J’ai justement We haved always lived in the castle dans ma pile à lire (depuis l’année dernière). Qui devrait être mon premier Shirley Jackson, celui m’intrigue beaucoup (surtout depuis la sortie de la série), mais l’histoire est très différente justement de son adaptation alors je n’ai pas osé commencer par celui-la de peur de ne pas y trouver ce que j’attends. Au moins maintenant je sais à quoi m’attendre !

    Je lirais ton article sur le « Castle » lorsque je l’aurais terminé de mon côté pour comparer nos ressentis 🙂

    • Reply
      Parlons fiction
      01/02/2021 at 23:19

      Oui, la série Netflix n’est pas vraiment une adaptation du roman de Shirley Jackson. Elle est surtout inspirée de l’ambiance et de quelques éléments du livre. Il ne faut pas t’attendre à retrouver la même histoire 🙂
      Ce sera un plaisir de discuter avec toi de We have always lived in the castle lorsque tu l’auras terminé ! J’espère qu’il te plaira.

  • Reply
    Anna
    22/11/2021 at 10:32

    Merci pour cette découverte ! j’ai beaucoup aimé ton article !!

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