La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski est un roman que je souhaitais découvrir depuis plusieurs années. Malheureusement, il n’était plus édité en France. En 2022, les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont annoncé la réédition de ce livre si particulier. J’ai donc sauté sur l’occasion pour le découvrir et me faire mon propre avis sur ce roman qui semble diviser les lecteurs. D’un côté, on peut lire des retours dithyrambiques sur l’originalité du livre, d’un autre, on découvre des avis bien plus mesurés qui n’hésitent pas à souligner le caractère incompréhensible de l’œuvre. Forcément, j’étais intéressée. J’aime les œuvres qui sortent de l’ordinaire et promettent une véritable expérience de lecture. La Maison des Feuilles coche toutes les cases. Entre thriller, horreur et roman à énigmes, le livre propose une expérience hors du commun tant sur le fond que sur la forme. Sans savoir de quoi il était réellement question, je suis partie à la découverte de La Maison des Feuilles animée par une curiosité que je croyais insatiable. Pour autant, une fois ma lecture entamée, je me suis retrouvée désorientée face au livre que j’avais sous les yeux.
Résumé
En rentrant chez elle un soir, la famille Navidson découvre qu’une nouvelle pièce a surgi dans leur maison. L’explication la plus étrange devient rapidement la plus évidente : leur foyer est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. Lorsqu’une nouvelle porte apparaît dans le salon et donne sur un couloir obscur, Will Navidson, photoreporter de renom et aventurier intrépide, décide de mettre sur pied une équipe d’explorateurs afin d’étudier ce passage sans fin où l’obscurité semble vouloir déchirer les rêves et dévorer la raison. Entre récit fantastique, énigme littéraire et mise en abyme, ce roman captivant se confie comme un trésor de générations en générations.
Une lecture exigeante
La Maison des Feuilles est un livre loin d’être évident à résumer. Son apparence unique, loin d’un roman traditionnel, ne facilite pas la tâche. L’histoire se présente sous la forme d’une mise en abîme. Johnny Errand annote et assemble un manuscrit écrit par un autre : le Navidson Record. Celui-ci retrace la découverte par un certain Navidson des particularités de la maison qu’il vient d’acquérir. Si celle-ci lui semblait tout à fait normale au départ, il réalise rapidement que le bâtiment est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. Plus étonnant encore, des pièces apparaissent et disparaissent, sans qu’on sache où elles mènent. Réalité ou fiction ? La Maison des Feuilles lance le lecteur à travers un amas de mots assemblés étrangement pour le laisser tirer lui-même les ficelles de cette histoire à l’allure de conte horrifique.
Il y a quelque chose ici. Une chose qui me suit. Non, qui me traque. Ça fait des jours qu’elle me traque mais pour une raison qui m’échappe, elle n’attaque pas. Elle attend, elle attend quelque chose.
S’il y a bien une chose sur laquelle tous les lecteurs du livre de Mark Z. Danielewski s’accorderaient sans hésiter, c’est que celui-ci est étonnant. Qu’on ait aimé ou non, il s’agit d’une expérience littéraire peu commune. Jusqu’à présent, je n’avais jamais rien lu qui ressemblait de près ou de loin à La Maison des Feuilles. A présent, je comprends facilement la réputation qui entoure ce livre.
Lentement mais sûrement, j’ai perdu mes repères, me suis de plus en plus détaché du monde, quelque chose de triste et de hideux contractant les commissures de mes lèvres, affleurant dans mes yeux. J’ai arrêté de sortir le soir. Rien ne pouvait me distraire. J’avais le sentiment de perdre le contrôle. Quelque chose de terrifiant était sur le point de se produire. Et finalement, quelque chose de terrifiant s’est produit.
La Maison des Feuilles ne se lit pas comme un roman traditionnel. Il demande une très grande capacité de concentration. L’intrigue, tant sur la forme que sur le fond, prend parfois l’apparence d’un jeu de piste. Cela demande beaucoup d’efforts à la lecture. Il s’agit avant tout d’un livre à énigmes et je suis sans doute loin de toutes les avoir résolues après une seule lecture. Si cet aspect m’a surpris, j’avoue m’être facilement prise au jeu. Le récit trouve sa puissance dans l’agencement des mots. Parfois, il faut se munir d’un miroir pour réussir à lire un passage ou bien retourner le livre pour décrypter un message. Certaines phrases sont longues, sans ponctuation, quand à l’inverse, certaines pages ne sont habillées que d’un seul mot. Il m’est aussi arrivé de devoir me munir d’un papier et d’un crayon pour tenter de déchiffrer un message caché entre les pages. Le fait que le livre soit lourd et difficile à manipuler, ne rend pas la lecture des plus agréables. Pour toutes ces raisons, La Maison des Feuilles est une lecture exigeante qui demande au lecteur de se plonger entièrement entre ses pages pour en retirer une expérience complète.
Un roman labyrinthe
Si La Maison des Feuilles est un livre qui demande un vrai investissement en termes de concentration, il n’en demande pas moins en réflexion. La forme du roman m’a donné l’impression d’être moi-même engloutie par la maison de Navidson. J’avais la sensation de faire du surplace, d’avancer à l’aveugle sans jamais réussir à trouver la sortie. L’œuvre de Mark Z. Danielewski est un roman labyrinthe dans lequel le lecteur doit lui-même trouver l’issue. C’est une lecture à tiroirs et je dois avouer avoir parfois été désarçonnée par ce que je lisais. Les notes de bas de page sont légion et renvoient souvent elles-mêmes à d’autres notes de bas de page, qui s’étalent de quelques lignes seulement à des pages entières. L’aspect académique du Navidson Record m’a un peu fatigué, passé la moitié du livre. Depuis la fin de mes études universitaires, je n’ai plus l’habitude de lire régulièrement des analyses et des textes de ce type.
Je pense à présent que si quelqu’un nous avait dit de faire attention, nous aurions fait attention. Je sais qu’il y a eu un moment où j’ai su avec certitude que cette noirceur inflexible était capable de tout, même de jaillir, d’éventrer le plancher, d’assassiner Zampano, de nous assassiner, peut-être même de vous assassiner. Puis c’est passé. L’étonnement et la façon dont l’inimaginable est parfois suggéré par l’inanimé se sont soudain estompés. La chose est redevenue une chose.
Et je l’ai rapportée chez moi.
Comme vous l’aurez peut-être deviné, l’histoire de La Maison des Feuilles n’est pas une histoire unique. Il s’agit d’histoires au pluriel. L’influence du manuscrit sur son possesseur est fascinante, mais j’ai surtout apprécié les passages concernant l’exploration de la maison par Navidson et son équipe. Ces moments avaient un aspect malaisant envahissant et j’étais tout de suite plongée dans le décor décrit par Navidson. L’aspect horrifique de l’œuvre brillait et j’ai adoré découvrir ces couloirs glaciaux vides et sans fin, cette maison violente par son silence et ces personnages en manque d’espoirs. Lire La Maison des Feuilles est une expérience particulière que je ne regrette pas d’avoir fait, même si j’en attendais davantage. La deuxième partie du livre m’a paru plus longue et seuls les événements ayant lieu dans la maison m’ont réellement passionnés.
En bref, une expérience littéraire unique
En bref, avant d’être un roman, La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski est une expérience littéraire unique. Pour celles et ceux qui se lancent dans sa lecture, il serait sans doute sage de ne s’attendre à rien en particulier et de se laisser guider par l’originalité de l’œuvre. La Maison des Feuilles n’est sans doute pas un livre pour tout le monde, mais j’ai apprécié le voyage. L’histoire principale, autour de l’étrange maison mouvante de Navidson, m’a captivé. La forme du livre m’a étonnée et j’admets avoir été bluffée : ce n’est sans doute pas donné à tout le monde de réussir à créer une œuvre comme celle-ci. Pour autant, je n’ai pas été entièrement emballée par le livre. Certains passages m’ont paru longs et n’ont pas réussi à retenir mon attention. Je pense que La Maison des Feuilles est le genre de roman qui doit résonner dans l’esprit de son lecteur. Si vous souhaitez découvrir le livre, je ne peux que vous encourager. Son originalité le rend difficile à appréhender et il serait sans doute vain d’essayer de prévoir à qui il pourra plaire ou non. S’il vous intrigue par son étrangeté, sautez le pas. Il trouvera peut-être écho en vous.
Pour résumer
Avez-vous déjà entendu parler de La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski ? Est-ce que vous souhaitez découvrir ce roman ?
Si le livre vous intéresse, vous pouvez le retrouver ici.
Auteur : Mark Z. Danielewski (américain) – Genres : Fantastique, horreur – Date de publication originale : 2000 – Editions : Monsieur Toussaint Louverture – Nombre de pages : 694
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4 Comments
Symphonie
02/10/2022 at 16:05Je suis en plein dedans, tout comme toi, je suis intriguée par ce livre depuis des années. Là je viens de lire le passage au sujet de l’écho.
Parlons fiction
04/10/2022 at 21:58J’ai beaucoup aimé le passage sur l’écho. De manière générale, j’ai beaucoup aimé les scènes qui se déroulaient dans la maison en elle-même. Bonne lecture à toi, n’hésite pas à revenir en discuter ici quand tu auras terminé le livre 😊
Annafaitsonblog
31/10/2022 at 11:20Coucou. Je ne connaissais pas du tout ce roman mais ton article m’intrigue énormément. Je ne sais pas trop si j’apprécierais du fait de la complexité de lecture mais j’ai bien envie de tenter l’expérience 🙂
Parlons fiction
31/10/2022 at 12:31Je pense que pour l’apprécier, il faut vraiment le voir comme une expérience et non un roman traditionnel. S’il t’intrigue, je ne peux que t’inviter à le découvrir car c’est très difficile de prédire à qui il plaira ou non 😊