L’année dernière, j’ai réalisé que j’avais lu 42 livres en 12 mois. Un nombre tout à fait honorable pour une lectrice passionnée qui ne lit pas forcément toujours très vite. Ce qui aurait dû être une fierté personnelle s’est rapidement transformé en questionnement : pourquoi compter chaque année le nombre de livres que j’ai lu ? A quel moment la lecture, cette passion connue pour être une activité lente et réfléchie, s’est-elle transformée en une compétition silencieuse ? Dans un monde où les réseaux sociaux nous incitent à consommer toujours plus, toujours plus vite, ce qu’on qualifie de surconsommation de livres et de romans est devenue un phénomène de plus en plus courant. Mais qu’est-ce que cela signifie vraiment pour notre rapport à la lecture ? Cette surconsommation de livres existe-t-elle vraiment ?
Avant-propos : cet article propose une réflexion sur la tendance à consommer, notamment par le biais de l’achat, en grande quantité des livres, sans émettre de jugement sur les habitudes de chacun. Il n’a pas pour but de culpabiliser les lecteurs, mais d’offrir un espace de pensée et de réflexion sur notre relation à la lecture.
Surconsommer les livres : un phénomène
En tant que grande lectrice, je suis la première à lire des dizaines de livres chaque année. J’observe autour de moi une volonté de lire toujours plus, toujours plus vite, qui ne manque pas parfois de me toucher de plein fouet et de me donner envie, à mon tour, d’enchaîner les lectures. Je vous parlais d’ailleurs déjà de ce phénomène dans un présent article dédié à bookstagram. Je me suis alors remise en question sur mon rapport avec l’objet livre, mais je me suis également intéressée à cette tendance d’enchaîner les lectures qui est, volontairement ou non, mise en avant sur les réseaux sociaux ces dernières années.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’on considère être de la surconsommation quand il est question de livres ? Finalement, il ne s’agit pas forcément de lire beaucoup de livres en quelques semaines, et loin de moi l’idée d’inciter à lire moins. Chaque lecteur et chaque lectrice a un rythme de lecture différent et de ce fait, ils ne seront jamais égaux face au temps qu’il leur faut pour terminer un livre. La surconsommation commence alors sans doute plutôt lorsque l’on se laisse submerger par l’envie d’accumuler toujours plus de titres, voire de les lire très rapidement, sans réellement prendre le temps de savourer chaque lecture.
Ce besoin de tout lire, nourri par l’abondance des sorties littéraires et l’influence toujours plus grandissante des réseaux sociaux, donne l’impression de transformer la lecture en une véritable course.
Les causes de la surconsommation de livres
Comment en sommes-nous arrivés à parler de “surconsommation” dans le domaine du livre aujourd’hui ? Il faut sans doute souligner que la surconsommation n’est pas sans lien avec la surproduction. Chaque année, le nombre de livres proposés par les maisons d’édition est important avoisinant ces dernières années environ 500 titres à chaque rentrée littéraire. Ce qui est une bonne nouvelle pour les lecteurs qui ont de plus en plus de choix, s’annonce également comme un nombre de livres potentiels à lire toujours plus important.
Surconsommation et réseaux sociaux
Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la popularisation des livres en rendant chaque nouvelle sortie littéraire visible, voire désirable, ce qui n’est pas forcément négatif. La lecture se présente comme plus accessible avec des communautés en ligne qui se forment et n’hésitent pas à recommander des livres dans des genres très différents. Des plateformes comme Instagram et YouTube regorgent de contenus publiés par des créateurs de contenu littéraire qui présentent leur dernier coup de cœur ou leurs derniers achats. Ce flux constant de recommandations crée involontairement un cycle très rapide de livres “tendance” et mis en avant. Tout allant toujours plus vite sur les réseaux sociaux, il devient difficile de suivre les tendances et de suivre les dernières publications à succès.
Publicité intensive
Le marketing de masse des gros éditeurs amplifie la visibilité de certains titres. L’édition est une industrie et les éditeurs doivent vendre pour faire vivre leur maison d’édition. Cependant, les canaux de communication s’étant démultipliés ces dernières années, les opérations marketing évoluent et prennent de plus en plus d’ampleur, mettant en avant toujours plus de romans et de livres à succès.
Le FOMO
Enfin, le phénomène de FOMO (Fear Of Missing Out), ou la peur de manquer quelque chose d’important, est à mon sens une des raisons les plus importantes sur la volonté d’accumuler toujours plus de livres. Cette peur de manquer quelque chose d’essentiel pousse les lecteurs à acheter des livres sans toujours prendre le temps de les apprécier. Attirés par le dernier bestseller ou la série du moment, les lecteurs peuvent se sentir contraints d’acheter et de lire au même rythme que les autres, de peur de ne pas participer à l’engouement du moment.
Les conséquences de la surconsommation de livres
Dans ces conditions, la question à se poser est assez simple : quelles sont les conséquences de cette consommation parfois exagérée de livres ? Lire toujours plus, souvent de manière rapide, peut mener à une lecture plus superficielle, privant ainsi le lecteur d’en profiter pleinement. Lorsque l’on dévore un livre pour passer rapidement au suivant, il devient difficile d’en assimiler toutes les subtilités et nuances. En conséquence, la lecture peut parfois se transformer en un simple acte de consommation, perdant alors son rôle d’expérience littéraire.
La pression que l’on s’impose en tant que lecteur
Cette tendance peut également générer du stress et de la pression chez les lecteurs, surtout lorsqu’ils se fixent des objectifs de lecture élevés pour « suivre le rythme ». Je pense par exemple aux challenges de début d’année, auxquels je participe souvent moi-même, et qui consistent à se fixer un nombre de livres précis dans les 12 mois à venir. Cette quête de performance peut entraîner une fatigue mentale, et peu à peu, diluer le plaisir de lire dans l’obligation de « finir un livre » plutôt que dans l’envie de l’apprécier pleinement.
La pression que l’on s’impose en tant qu’auteur
Un autre aspect intéressant de cette tendance à lire toujours plus vite réside dans sa conséquence sur les auteurs eux-mêmes qui peuvent se retrouver sous pression pour produire toujours plus rapidement, afin de satisfaire la demande. Cette cadence de publication, motivée par l’urgence de rester visible dans un marché saturé, peut compromettre la qualité des récits, car les auteurs n’ont parfois plus le temps nécessaire pour peaufiner leur écriture ou développer pleinement leurs idées, mais surtout générer une véritable fatigue mentale également chez les artistes.
Des pistes pour (re)prendre le temps d’apprécier ses lectures
Si vous aussi vous vous sentez parfois submergé par le nombre de livres que vous avez à lire, pas d’inquiétude. Il est parfois essentiel de simplement ralentir et de prendre le temps d’apprécier chaque livre pour ce qu’il a à nous apporter. Les livres n’ont pas de date de péremption, en accumuler n’est pas donc directement un problème. Mais si vous ressentez une certaine pression derrière le fait d’avoir beaucoup de choses à lire qui vous attendent, alors n’hésitez pas à reprendre la main sur vos habitudes de lecture et de consommation.
Consommer ses livres autrement
Pour celles et ceux qui manquent de place ou qui ressentent une certaine pression à l’idée d’avoir plusieurs piles de livres non lus qui les attendent à la maison, d’autres solutions existent pour lire sans s’encombrer. Vous pouvez choisir d’emprunter des livres autour de vous, à vos amis ou à votre famille, pour découvrir des titres à qui vous n’auriez peut-être pas, de prime abord, donné votre attention. Les bibliothèques et médiathèques sont également une très bonne alternative. Avec une carte, souvent gratuite pour les habitants de la commune concernée, vous pouvez emprunter plusieurs livres à chaque passage : une alternative idéale si vous aimez découvrir de nouveaux genres et élargir vos horizons, à moindre coût et sans accumuler un trop grand nombre de livres chez vous.
Choisir consciemment ses lectures
Lorsque l’on est actif sur les réseaux sociaux, notamment dans la sphère littéraire, il nous est tous arrivé au moins une fois d’acheter un livre car on le voyait partout. Pour autant, ce n’est pas toujours notre meilleure lecture. Le choix étant toujours plus grand, il est important de prendre le temps de choisir consciemment ses lectures, par exemple, en se posant des questions comme : “Ai-je vraiment envie de lire ce livre tout de suite ? Est-ce que le résumé m’intéresse vraiment ? N’ai-je pas envie de lire autre chose en premier ?”. La technique que je préfère est la wishlist. Etablir une liste des livres que l’on souhaite lire avant de les acheter permet de prendre le temps de réfléchir à ce que l’on souhaite vraiment lire, ou ce qui peut attendre encore un peu.
Accepter qu’il est impossible de tout lire
Même pour un très grand lecteur, il sera impossible de tout lire. Nous avons beau vouloir tout découvrir, ce “tout” restera un idéal inaccessible. Et cela n’est pas grave. En avoir conscience permet de se libérer de cette envie d’aller toujours plus vite dans ces lectures, de ralentir et de retrouver son propre rythme. Dans un monde où de nouveaux livres sortent chaque jour, se donner la permission de ne pas lire le dernier bestseller enlève une grande partie du stress et de la pression associés aux nouveautés littéraires. En fin de compte, l’objectif est de retrouver une routine de lecture apaisée, axée sur la qualité plutôt que sur la quantité, et de redécouvrir le bonheur de se perdre dans un livre, sans obligation de performance.
Redécouvrir le plaisir de lire
Aujourd’hui, la surconsommation nous entoure et touche beaucoup d’aspects de nos vies. Sous un certain angle, la lecture ne fait pas exception. La surconsommation de livres, alimentée par les réseaux sociaux, le marketing de masse et le FOMO, transforme ce qui devrait être un moment de détente en une course contre la montre. Les lecteurs s’imposent parfois ce rythme frénétique sans en avoir conscience et cela mène à une pression mentale qui peut impacter le plaisir de lecture. Ralentir, choisir des lectures qui résonnent vraiment avec soi, et accepter de ne pas tout lire sont peuvent être des pistes pour retrouver une expérience de lecture plus enrichissante et apaisée.
Alors, pourquoi ne pas prendre un moment pour redécouvrir le plaisir de lire en s’écoutant avant tout ? Lire est avant tout un moyen de prendre du temps pour soi. Nous avons tous des rythmes de lecture différent, l’important est avant tout de trouver le sien.
Et vous, comment vivez-vous votre relation avec la lecture et avec les livres ? Partagez vos expériences dans les commentaires – vos réflexions sont précieuses !
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12 Comments
Fattorius
28/11/2024 at 12:56Bonjour et merci pour cette analyse captivante! Je suis aussi du genre à dire qu’on « ne lit jamais trop », et de fait, je lis énormément. Le côté surconsommation m’apparaît plutôt du côté des acquisitions de livres, avec pile à lire énorme à la clé. J’ai donc presque renoncé aux « listes à lire », qui m’invitent à acheter ou acquérir des livres anciens (et peut-être vieillis, si je pense aux essais d’actualité) en plus des nouveautés. Du coup, je laisse ma mémoire faire le tri: un livre peut paraître sympa sur le moment, mais si son souvenir s’efface, c’est peut-être que je n’en avais pas une envie profonde, absolue.
Enfin, il y a une astuce encore, pour la « suracquisition » de livres: si les achats sont nécessairement limités par les moyens financiers disponibles, une boîte à livres bien tenue (comme il y en a une près de chez moi) constitue une tentation permanente…
Bonne fin de semaine à vous!
Parlons fiction
30/11/2024 at 21:56J’admets que je n’avais pas pensé à cette idée de laisser la mémoire faire le tri, mais je trouve que c’est une excellente façon de prendre conscience de ce qu’on désire vraiment lire ! En général, j’ajoute les livres qui me tentent sur une wishlist, que je laisse reposer quelques temps. Je reviens ensuite dessus pour faire le tri quelques mois plus tard. Merci pour ce commentaire très intéressant ☺️
Albert H. Laul
28/11/2024 at 13:15Le survol est devenu notre mode principal de lecture. Nicholas Carr
Mary Fleureau
28/11/2024 at 16:54Cet article était trop cool comme d’haaaab ! Et je relate forcément au passage sur la demande du marché qui met les auteurs sous pression, sachant que ce n’est pas que le lecteur lambda mais les maisons d’édition et tout l’écosystème qui souvent fonctionne en pression
Bref, trop intéressant ♥
Parlons fiction
30/11/2024 at 21:53Oui, finalement c’est tout un écosystème qui est sur la touche « accélération » ! Merci pour ton commentaire et ton passage par ici ☺️
Symphonie
01/12/2024 at 10:59J’ai eu un peu les mêmes types de réflexion dernièrement. Il y a beaucoup de livres très intéressants qui sortent tous les mois, mais outre le budget qui, lui, n’augmente pas, la tendance à enchaîner les livres devient fatigante. Ca m’attriste aussi concernant la longévité d’un livre. Avec cette accélération, ça donne l’impression qu’un livre n’existe que quelques semaines, avant de se voir submergé par deux douzaines de nouveaux titres. En tant que lectrice, c’est juste impossible de suivre ce rythme, et en tant qu’autrice (non publiée), je trouve ça dommage que beaucoup de livres n’aient même plus vraiment l’occasion de rencontrer leur public et de vivre, tout simplement. Je ne peux évidemment rien faire contre cette production massive, mais j’ai décidé de ralentir mon rythme de lecture et d’achats, afin de mieux profiter et de moins me sentir noyée (puis les étagères, au bout d’un moment, ben y’a plus de place T_T). Un truc qui m’aide, j’ai l’impression, c’est d’écrire ma wishlist plutôt que l’avoir « juste » dans la tête. Comme ça, pas besoin d’acheter au fur et à mesure, pas peur d’oublier un titre qui me faisait envie, il me suffit de piocher dedans quand j’ai envie d’une nouvelle lecture. Je fais aussi des suggestions d’achats à ma médiathèque.
Parlons fiction
08/12/2024 at 18:50Merci pour ton commentaire très intéressant ☺️ C’est vrai que cette volonté à aller toujours plus vite accélère le cycle de vie d’un livre. On entend souvent parler de livres lors de leur sortie un peu partout sur les réseaux sociaux et les médias… puis plus du tout. Tout comme toi, j’essaye de ralentir mes achats pour rationnaliser ma consommation et réapprendre à profiter des livres qui m’intéressent vraiment. La wishlist est un bon moyen pour sélectionner les livres qui me tentent vraiment ! Si ils restent dessus plusieurs mois, c’est que j’ai vraiment envie de les lire 📚
L'ourse bibliophile
07/12/2024 at 19:30Ton article est passionnant et très juste. Je questionne souvent la surconsommation de produits culturels et j’avais l’impression d’avoir beaucoup évolué ces dernières années et, même si ça reste le cas, dès ton premier paragraphe, tu as souligné un nouveau point : je compte également mes lectures. Même si j’ai cessé de comparer, de me juger négativement à autrui, à quoi ça sert ?
Personnellement, je ne lis que des blogs et ne suis pas sur les réseaux, ce qui permet déjà une distance à mon sens (puisque, sur un blog, il faut ouvrir les articles choisis, les lire, il ne suffit pas de scroller pour prendre un shot quotidien de cinquante nouveaux livres… ou de quinze fois le même, donc je ne lis que quelques articles finalement). D’autant que, ne lisant pas très vite, j’ai abandonné l’idée de suivre les nouveautés et n’y prête pas vraiment attention, préférant piocher dans les livres qui m’attirent réellement, peu importe leur date de sortie (autant dire que je ne participe jamais à « l’engouement du moment » ^^).
Quelques déménagements m’ont guérie de l’accumulation compulsive et de mes rêves enfantins et adolescents de bibliothèque gigantesque, j’ai travaillé à diminuer drastiquement une PAL devenue oppressante (travail encore en cours) et je n’hésite pas à supprimer un livre d’une wish-list si je ne vois plus ce qui m’attirait dans ce livre.
Je privilégie la bibliothèque et je ne suis pas trop sensible aux jolies éditions (si c’est un livre adoré que je n’ai pas, ok, mais ce n’est pas ce qui me fait céder).
Mon point de vue sur tout ça évoluera encore et c’est chouette d’une certaine manière, mais je te remercie pour les réflexions apportées dans cet article !
Parlons fiction
08/12/2024 at 18:53Ne lire que les blogs est, je trouve, une très bonne façon de s’exposer plus « intelligemment » aux recommandations, car on sélectionne nous-mêmes ce qu’on veut lire sans s’en remettre à un algorithme qui décide quoi nous montrer. Les déménagements sont en général un très bon déclencheur : on se rend tout de suite compte de tout ce qu’on a accumulé au fur et à mesure des années 😅 Tout comme toi, je travaille à diminuer ma PAL. C’est finalement un travail sur le long terme, mais c’est aussi plaisant de voir ses réflexions évoluer au fur et à mesure du temps. Merci à toi pour ton passage par ici et pour les réflexions que tu amènes ☺️
L'ourse bibliophile
08/12/2024 at 20:03C’est exactement ça pour l’algorithme !
Je l’ai énormément diminuée en quelques années (je ne sais même plus quand j’ai vraiment décidé ça), en lisant, mais surtout en triant, et je rêve vraiment d’un nombre restreint de livres qui me permettra de lire juste le livre que j’ai vraiment envie de lire à un moment T, sans culpabiliser ou sans penser à ceux que j’ai sans lire. Mon rapport à la PAL est passé du tout au tout : il y a dix ans, j’étais parfaitement à l’aise avec des centaines de livres non-lus, mais ils sont devenus un véritable boulet, une arrière-pensée qui parasitait mes lectures. Autant dire que j’ai vraiment hâte d’en être libérée (mais je ne suis pas assez sérieuse : j’emprunte trop de livres à la médiathèque pour progresser !) Bon courage pour la diminution de la tienne !
Parlons fiction
13/12/2024 at 11:15Je pense que je suis dans le même état d’esprit que toi. Au final, mon objectif serait d’avoir peu de livres non lus dans ma bibliothèque, seulement quelques uns, que j’achèterai ou emprunterai à l’instant T, quand j’ai envie de les lire. Puis les goûts et les envies évoluent avec le temps. Parfois, une PAL de 100 livres deviendra plus un « poids » qu’autre chose. Bon courage à toi aussi ! Je suis sûre qu’on réussira avec le temps à se rapprocher de nos objectifs ☺️
L'ourse bibliophile
14/12/2024 at 20:56Pour ma part, je n’en suis pas si loin, il me reste environ 20 livres dans ma PAL, mais j’aimerais déjà descendre à 10. Ce n’est pas infaisable (ce serait même risible pour d’autres lecteurices), il faut juste un peu de sérieux en 2025. ^^